VIVEKÁNANDA

VIVEKÁNANDA
VIVEKÁNANDA

Maître spirituel hindou, Vivékânanda (Vivek nanda) se donna pour tâche de développer l’enseignement de son maître Râmakrishna (R mak リルユa) et de le diffuser en Inde et à l’étranger. Sur son initiative, les disciples anciens et nouveaux se constituèrent en un ordre monastique ressemblant à ceux de l’Occident. Grâce aux deux orientations de l’ordre (missions à l’étranger et vie régulière des adeptes), la doctrine de Râmakrishna est toujours vivante, près d’un siècle après sa mort.

Le jeune aristocrate

Narèndra Nath Datta, qui devait prendre le nom de Vivékânanda, était né au Bengale dans une famille de l’aristocratie; il reçut une éducation à l’occidentale, destinée à lui permettre d’accéder à de hautes fonctions dans les administrations publiques ou privées de la colonie britannique. Le père de Narèndra et toute sa famille vivaient une existence fantaisiste, vouée plus aux plaisirs qu’à la prévoyance. Narèndra faisait du sport (chose rare alors en Inde), sortait beaucoup; grand, athlétique, parlant bien, il avait beaucoup de succès en société, ce qui ne lui déplaisait pas.

Les problèmes religieux ne lui restaient pourtant pas étrangers. Vers l’âge de vingt ans, il adhéra au Brahmo Samâj, cette «Société de Dieu» où des intellectuels (Tagore en fit partie) se rencontraient pour discuter de l’avenir des religions et de la réforme de l’hindouisme. Narèndra, qui se déclarait agnostique, s’y fit remarquer par son goût de la dialectique. À vingt-sept ans, il entendit parler de Râmakrishna et alla le voir à Dakshineshwar. La rencontre du mystique illettré, dévot de K l 稜, entouré de disciples de toutes sortes, et du jeune seigneur fastueux et sarcastique dut être étonnante. Quelque chose de produisit, car les deux hommes aimèrent à dire plus tard que, ce jour-là, «ils se reconnurent». Narèndra resta sur ses positions, mais, frappé par la sincérité de son interlocuteur, il revint le visiter à diverses reprises, perdant chaque fois un peu de son assurance. Il envisagea de séjourner à Dakshineshwar et d’y vivre la vie d’un disciple, sans parvenir à s’y décider. L’année suivante, son père mourut et la famille Datta découvrit qu’elle était ruinée. Narèndra tomba dans le plus grand désarroi, fit l’expérience de la vanité de la vie mondaine (maintenant qu’il était pauvre, ses amis lui tournaient le dos) et trouva enfin le courage de sauter le pas.

Le samny size=5sin, disciple de Râmakrishna

Violent de nature, Narèndra voulut aller jusqu’au bout, et tout de suite: il se fit samny sin («renonçant», sorte de moine de l’hindouisme) dans l’a ごram ( ごrama ) de Râmakrishna et exigea de son guru (maître spirituel) la connaissance la plus haute. Le maître, qui était convaincu depuis longtemps de la sincérité de Narèndra et avait reconnu en lui une âme exceptionnelle, lui permit d’atteindre très vite le sam dhi complet, cette expérience parfaite de l’Absolu, qui normalement ne s’obtient qu’après des années de recherche obstinée et d’exercices ardus. En fait, on aurait dit que Râmakrishna, sentant sa fin prochaine (il devait mourir en 1886, deux ans après l’entrée de Narèndra à l’a ごram) et le tenant pour son meilleur disciple, voulait lui conférer au plus tôt les signes visibles de sa prééminence.

Après la mort du maître, Narèndra, désigné par lui comme son successeur, révéla ses talents d’organisateur et sa fougue de prédicateur. Sous son impulsion, la communauté des disciples se structura et étendit son influence. En 1892, à l’âge de vingt-neuf ans, il s’embarqua pour un tour du monde et, à cette occasion, prit officiellement son nom de religieux: Vivékânanda, «Celui qui trouve sa joie ( nanda ) grâce à la discrimination (viveka ; terme métaphysique utilisé dans le Ved nta)». Par le Japon, il gagna l’Amérique, prêcha à Chicago, à l’occasion de la réunion d’un «Parlement des religions», puis à Boston. L’influence de sa prédication fut considérable aux États-Unis, où, depuis cette époque, l’hindouisme a toujours été considéré avec sympathie. En Angleterre, il trouva un public averti – et pour cause – des choses de l’Inde et y eut peu de peine à faire des disciples (telle Margaret Noble, qui le suivit en Inde où elle se fit nonne sous le nom de Nivéditâ). Il voyagea ensuite en Europe, notamment en Allemagne, puis s’embarqua pour l’Inde où il rentra après quatre années d’absence.

Son retour est triomphal: les journaux ayant abondamment relaté ses succès (en les exagérant quelque peu), il passe pour une sorte de héros national et les conférences qu’il donne lui permettent de trouver de l’argent, de faire des disciples, enfin d’implanter en plusieurs villes des monastères (ma レh ). Cela impliquait la création d’un ordre monastique, hiérarchisé, ayant sa règle, ses abbés (appelés sw mi , «maîtres»), à la façon des ordres religieux chrétiens. Il l’organisa et lui adjoignit une «Râmakrishna Mission», vouée à la diffusion de la pensée du fondateur tant en Inde qu’à l’étranger. Il s’agissait là de quelque chose d’entièrement nouveau pour le subcontinent: si l’hindouisme s’était répandu dans la péninsule indochinoise aux premiers siècles de l’ère chrétienne, la chose n’avait pas été concertée, d’autant moins que, théoriquement, la loi brahmanique (le dharma) interdit les voyages à l’étranger, sous peine d’excommunication. Le travail de la Râmakrishna Mission se révéla fécond et de nombreux étrangers fréquentèrent ses établissements en Europe et en Amérique.

Vivékânanda alla visiter quelques-unes de ces missions et rentra en Inde gravement malade (il était diabétique). Il mourut à l’âge de trente-neuf ans, donnant l’impression, en raison de son activité inlassable, d’avoir vécu bien davantage. À côté de son travail d’organisateur et de prédicateur, il avait élaboré une œuvre intellectuelle, d’ailleurs directement déterminée par ce travail. On s’en aperçut lorsque furent publiés ses entretiens, causeries, conférences, etc. Surtout consacrée à l’exposition du Ved nta et à des conseils sur la pratique des diverses sortes de yoga, cette œuvre se veut fidèle à l’enseignement de Râmakrishna, dont elle prétend faire un exposé systématique. Prétention dans l’ensemble justifiée, avec cette nuance toutefois que Vivékânanda donne une allure philosophique et dialectique à une pensée qui, chez Râmakrishna, était beaucoup plus mystique que rationnelle. Mais les bases restent les mêmes: le syncrétisme religieux (et philosophique, chez Vivékânanda), l’accent mis sur les exercices psychosomatiques (yoga) en vue de «réaliser» l’absolu, enfin la préférence donnée à la dévotion passionnée (bhakti ) sur toute autre voie pour atteindre le but suprême (l’union avec le brahman, par l’intermédiaire d’une rencontre mystique avec le Seigneur, ou la Mère). À ce titre, l’œuvre de Vivékânanda constitue l’un des plus importants témoignages de la renaissance de l’hindouisme à la fin du XIXe siècle.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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